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 (beating heart of stone), enight.

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Enora Easterling
endure and survive
Enora Easterling
messages : 36
MessageSujet: (beating heart of stone), enight.    (beating heart of stone), enight.  EmptyVen 14 Sep - 20:33

C’était risqué pour elle de traîner dans les parages. Elle ne devait pas s’attarder - ne pas prendre le risque de croiser quelqu’un qui pourrait la reconnaître, malgré les vêtements civils. Dans le coin, les militaires ne sont pas bien perçus, et ont la fâcheuse réputation de disparaître. Même si Enora s’efforce de ne pas être reconnaissable, sans son uniforme, il arrive parfois qu’on lui jette des regards étranges. Elle m’a dépisté la semaine passée, ou c’est elle qui a confisqué le pistolet de Jimmy. Les murmures sur son passage, qui la force à accélérer le pas, et à sortir le plus rapidement possible. Vêtue de noir, capuche sur la tête, elle garde le nez baissé et n’attire pas l’attention sur elle. C’est bien le seul moyen de survivre, dans le coin. Et elle la connaît, la zone quatre - elle y passé des années. Là qu’elle a grandi, là qu’elle a vécu, avant de devoir tourner le dos à tout ce qu’elle connaissait. Tout ça, pour son père - pour lui éviter de la douleur, pour le soulager de cette maladie qui le rongeait. Ça ne s’améliorait pas, ça ne faisait qu’empirer au fil des mois, et le besoin de médicaments se faisait de plus en plus pressant. Enora faisait de son mieux, mais les réserves s’amenuisaient, et les médicaments ne suffisaient jamais ; pas assez forts, pas assez appropriés. Elle ne démordait pas, et s’efforçait d’aller même là où elle ne devrait pas. Peu importe - son père, c’était tout ce qui lui restait, et elle était prête à tout pour l’aider.

On l’observe. On l’observe et elle le sent - le regard trop appuyé, qui essaie de discerner les traits malgré la capuche, malgré la pénombre, malgré le nez baissé. Regard trop insistant qui lui fait accélérer le pas, pas trop brusquement pour attirer l’attention, mais assez pour pouvoir filer sans qu’on ne l’attrape. Mais elle sent les regards brûler dans son dos, peut presque entendre les murmures. Shit shit shit. Elle bifurque dans une rue, connaissait bien les environs malgré les continuels changements - mais on se met à la suivre. Elle peut entendre les talons derrière elle, le souffle rauque pas bien loin. Elle va se faire attraper si elle ne parvient pas à se défiler. Il faut qu’elle dégage, et au plus vite - qu’elle disparaisse dans la nuit, et qu’elle attende avant de revenir. Ça devient de plus en plus risqué, à chaque fois, mais elle ne peut pas s’en empêcher. Ne peut pas revoir son père, mais au moins, en venant ici, elle se sent proche de lui. Mais ça la convainc à chaque fois du risque de se pointer le bout du nez - trop facilement reconnaissable, au nombre de patrouilles qu’elle fait, aux interventions qu’elle a accumulé au cours des années. Les coups qu’elle a du porter, les confiscations, les dépistages, les enfermements. Tout ce qu’elle a fait, tout ce qu’elle a vu, tout ce qu’elle a permis, tout ce qu’elle a provoqué. C’est inévitable.

Enora accélère le pas en tournant dans un virage, jetant un bref coup d’oeil derrière elle. Main dans les poches, elle percute soudainement quelque chose de solide, sorti de nulle part - recule sous l’effet du choc, manque de tomber au sol. Se rattrape tant bien que mal au mur de brique à ses côtés, siffle un juron entre ses dents. Le coeur frénétique dans sa poitrine, sachant que ses secondes sont comptées, que les hommes sont juste derrière elle - qui sait ce qu’ils vont lui faire s’ils lui mettent la main dessus, on ne peut pas prendre le risque par ici. « Watch where you’re - » La voix qui claque dans la nuit, alors qu’elle réalise que c’est quelqu’un qu’elle vient de percuter de plein fouet - les yeux qui se lèvent, qui se lèvent encore, jusqu’à tomber sur un visage connu. Shit. Le mot manque de lui échapper en reconnaissant les traits. Of course. Bien sûr que c’est sur lui qu’elle tombe, lui qu’elle évite comme la peste depuis un an, lui qui lui rappelle plus douloureusement que le reste ce qu’est elle est devenue. « I’m in a hurry. » Elle grogne - il bloque le passage, et elle doit s’avancer pour échapper à ses poursuiveurs. Espérant juste qu’il se contente d’esquiver - et elle lance un autre regard derrière son épaule, apercevant les silhouettes au bout de la ruelle. Le pied qui s’impatiente, le regard qui se remplit d’appréhension. Just move. Let me go.

If you don’t they’ll kill me.
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Goodnight James
endure and survive
Goodnight James
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MessageSujet: Re: (beating heart of stone), enight.    (beating heart of stone), enight.  EmptyVen 14 Sep - 23:54

❊ ❊ ❊

La respiration sifflante, et le corps trop lourd pour le retenir. Obligé de s’asseoir, et de fermer les yeux. De passer sa main dans ses cheveux sales, cheveux gras, cheveux qu’il n’a pas lavés depuis trop longtemps, et dont il n’a aucune intention de s’occuper prochainement. C’est un soupir qui l’ébranle, un soupir qui détend finalement ses épaules et offre à l’ensemble de son squelette la possibilité de se relâcher. Respire, mon grand.

Dans sa tête, Ama. Ama blessée, Ama trop pâle, Ama qui ne va pas s’en tirer. Ama, collée à l’envers de ses paupières, et refusant de s’en aller. Mauvais rêve comme il ne lui arrivait que trop souvent d’en faire ces derniers temps. Paraît que les années aident à oublier — mais son expérience à lui le démentait. Fantôme au fond de l’œil, et la sérieuse impression qu’elle ne s’en irait jamais vraiment. Qu’elle s’accrocherait à sa rétine aussi longtemps qu’elle le pourrait — jusqu’à ce que lui aussi ne s’éteigne finalement. Les choses rentrées dans l’ordre. La boucle enfin terminée, et plus aucune raison de continuer à la supporter.

L’arme pèse lourd, dans sa paume. Ses yeux ne la regardent même pas, et il la glisse à l’arrière de son pantalon en reniflant lentement. Se redresse finalement, et rabat sa chemise à carreaux pour la dissimuler. Un coup d’œil alentour ; l’appartement est en désordre, mais rien de compromettant n’y apparaît. Si quelqu’un se prend à enfoncer la porte, si l’armée met le nez dans le coin, rien d’incriminant ne lui fera perdre le badge accroché à sa ceinture. Une seconde à respirer. Se relever, pour de bon. Le pas lourd, les épaules voûtées. Pas un regard derrière lui, tandis qu’il referme la porte. Les clés dont il se passe depuis trop longtemps déjà — ça ne fait qu’inciter la mauvaise graine à faire sauter la serrure pour entrer. Pas besoin de verrouiller s’il n’a rien à cacher. Vie accoutumée à la misère. La sienne, et celle des autres. Habitué à la côtoyer, habitué à devoir s’en tirer. Avec les années, on finit par s’en trouver chevronné.

Willy l’attend. Et Willy n’est pas patient. Willy profite d’avoir un badge, lui aussi, pour se faire l’émissaire d’esprits bien plus sombres que le sien. Willy a de l’ambition, et Willy veut jouer sur tous les plateaux à la fois. Mais Willy ne voit pas que, peu à peu, sa marge de sécurité réduit. Que ses coups toujours plus osés le conduisent peu à peu aux portes du danger, et qu’il finira par les franchir avec fracas avant même de réaliser qu’elles étaient là. Willy joue avec le feu, et Willy se brûlera. Goodnight n’attend que ça. Mais pour le moment, Willy, lui, n’attend que trop. N’est pas patient. Et il trône toujours dans un brasier capable de pulvériser James si l’idée le traverse. Mieux vaut ne pas le contrarier. Mieux vaut faire ce qu’il avait toujours fait, durant ces sept dernières années. Mieux vaut ramper.

La gangrène de la Zone Quatre. Les parasites qui l’observent alors qu’il passe, qui baissent les yeux et qui crachent dès qu’il est passé. Son dos large qui encaisse regards et murmures, sans ployer. La force de l’habitude, et le souci de ne pas tomber dans un jeu auquel il ne veut pas jouer. On voit le badge à sa ceinture, et on sait le tracas qu’il pourrait causer. On sent, aussi, qu’il n’en provoquera pas — mais on s’en méfie. On s’en méfie comme la peste, et c’est la peste qui semble contaminer chacun de ses pas, teinter chacun de ses regards, alors qu’il progresse dans les rues hostiles du quartier. Sombres sont les ruelles qu’il se décide à emprunter — de plus en plus sombres, dans l’espoir qu’elle parviennent à l’avaler et à le cacher. Qu’il n’ait plus à subir les coups d’œil acerbes et les quolibets. Qu’on le laisse exister, sans peindre de mépris chaque pas qu’il peut poser. Les ténèbres offrent l’alternative rêvée, et c’est sans un mot qu’il tâche de s’y enfoncer. Consciencieusement. Subtilement. Une ombre parmi les ombres, malgré l’éclat de ce badge pour rappeler à tous ceux qui voudraient l’acculer contre un mur qu’il représente un degré imaginaire d’autorité. Quand les soldats ne sont pas là, en tout cas.

Nonchalamment, il sort le paquet de cigarettes que Willy attend de lui. En tire une, et attrape les allumettes au fond de sa poche. La griller, sans s’en préoccuper. Il n’aura qu’à dire à Willy que le paquet n’était pas tout à fait rempli lorsqu’il l’a trouvé. L’autre grondera, crachera, mais ne fera rien. Ne le peut pas. Pas sans prendre le risque de se heurter à l’un de ceux qui pourraient le faire tomber. Collègue. Et Goodnight le sait. Absorbé dans le craquage de son allumette, tournant dans une ruelle plus sombre encore que celle dans laquelle il se trouvait. Interrompu dans son élan, cependant, par le choc d’un corps aussi inattentif que le sien, s’écrasant contre son squelette massif. What the ?

La cigarette qui ne tombe pas, tenue entre ses lèvres serrées. Le paquet d’allumettes, lui, glisse entre les pavés. Ses yeux qui se posent sur la petite silhouette visiblement ébranlée par l’impact. L’intention de grogner et de s’en aller. Pas la flamme nécessaire à la brusquer — pas alors qu’Ama s’accrochait désespérément à son esprit hanté. Mais alors que ses yeux croisent les siens, le chemin semble bifurquer. Les émotions le suivent, et déboule l’envie de feuler. L’envie de lui dire de regarder où elle met les pieds, et de lui faire ravaler l’arrogance de son ton. T’es pas chez toi, ici. Surveille ton volume de voix. Quelque chose l’arrête, cependant. Les dents serrées, alors qu’il aperçoit au loin, par-dessus la capuche rabattue de la soldate en civil, les quelques corps accumulés à l’autre entrée de la ruelle. Et que les mots grognés d’en-dessous lui parviennent. Inquiets. « I’m in a hurry. »  Ses prunelles noires qui se posent sur la gamine, et ses mâchoires qui ne font que se serrer davantage. Elle tente de passer, de le forcer à se décaler. Mais il ne bouge pas — ne bougera pas, ne le veut pas. « Really ? » Le ton bas, la voix rauque. Ses yeux qui se reportent à nouveau sur les gars qui s’approchent avec précaution, à quelques mètres de là. La surprise initiale de le voir se dissipe, et la distance qui se réduit laisse à voir les visages un peu plus distinctement. « They don’t seem to really like you. » C’est un venin qu’il ne peut retenir. Qui ne coule que trop facilement, malgré le volume toujours bas de ses propos. « I wonder why. » Il a enlevé la cigarette d’entre ses lèvres, la garde dans son poing. Ne pas révéler le paquet. Sait-on jamais. Pas vraiment l’envie de se faire braquer pour quelques clopes et des circonstances infortunées.

« Time to go home, dickhead. »  C’est craché, à quelques mètres de là - et ses yeux ne quittent pas les quelques types qui continuent de s’approcher. Le danger, ce n’est pas la gamine. Pas alors qu’il reconnaît parfaitement la majorité des traits tirés en une moue d’agressivité. Ils ne sont pas là pour lui, ne lui feront rien. Pas aujourd’hui, à tout le moins. Aujourd’hui, c’est elle. « Fuck off. » Il hausse les épaules, lève les bras en signe de légère innocence. Pas l'intention de se décaler pour elle — mais pas l'intention de leur obéir à eux non plus. Jusqu'à ce que la main du meneur ne sorte une forme familière, et que le cliquetis plus familier encore ne lui parvienne. Le couteau levé vers eux, et les pas plus déterminés encore des acolytes qui sortent leurs propres couteaux. La bande qui s'avance, et le colosse qui n'attend pas davantage avant de dégainer sa propre arme. Au diable le grade de la gamine, au diable la facilité avec laquelle elle pourrait la lui confisquer. Il sait que les types face à eux n'hésiteront pas à les planter — et il n'a aucune intention de devoir vivre avec l'abdomen troué, ou la mort d'une gamine stupide et intrépide sur la conscience. « I said : fuck off. » Ils hésitent. Jaugent l'arme à feu et, lorsqu'il la charge, finissent par lever les mains et par reculer. L'hostilité au bord des lèvres, et la sérieuse envie de tenter le tout pour le tout. Le meneur crache. Tu vas payer. Et il n'a pas besoin de le dire pour que le message soit clair. Goodnight qui fait un pas sur le côté, et qui s'écarte pour laisser la gamine passer à ses côtés. « That's right, go find someone else to piss off. » Shitheads. Soigneusement, il recule. Sait qu'il ne pourra pas les empêcher bien longtemps d'appeler des renforts, ou d'avancer. Sait qu'il leur faut déguerpir. Et il continue de reculer. La gamine qui a pu passer à ses côtés. Et rapidement, son corps atteint le bout de la ruelle, et bifurque pour s'engager dans la rue d'où il venait d'arriver. Son arme qu'il range avec empressement, et sa main qui empoigne violemment le col de la soldate pour l'entraîner dans son sillage. Mieux valait déguerpir, et vite. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'ils ne franchissent la distance qui les séparaient, et que les choses ne deviennent bien plus compliquées. « C'mon, we gotta go. » Le grognement, alors qu'il la traîne sans ménagement. Qu'il ne veut pas connaître son opinion, et ne pense même pas à s'inquiéter de sa situation. « Fast. » Insister. Pas besoin de regarder par-dessus son épaule pour savoir qu'ils sont derrière eux. Se faufiler dans une rue, puis une autre. Pas de course, pour s'en tirer. Jusqu'à l'immeuble miteux où il avait élu domicile. Ne pas réfléchir. Faire le tour par derrière, et utiliser l'entrée dérobée pour ne pas attirer l'attention. Il ne les ont pas encore rattrapés. À croire qu'ils ont rebroussé chemin, pour aller chercher des renforts.

Rapidement, ils sont au deuxième étage, et la porte non-verrouillée de l'appartement est franchie. Refermée derrière eux — et il enclenche les verrous un à un, cette fois. Met la chaine. Et se tourne finalement vers la responsable de tous ses tracas. Un regard, de haut en bas. Elle n'a pas l'air blessée. Et il se permet alors de remettre l'agressivité sur ses traits. De détourner les yeux rapidement, et de faire quelques pas dans l'appartement. Passer à ses côtés, avec un nouveau grognement. « You really fucked up my day, y'know that, right ? » Se tourner vers elle, et secouer la tête. Les lèvres presque retroussées d'hostilité, sans vraiment comprendre ni réaliser que ses pas l'ont ramenée, elle, qu'il déteste plus que tout, chez lui. « What are you even doin' here, huh ? » Se détester, plus encore qu'il ne la déteste. And you, Jamie. Why the fuck did you have to get her back at your place ?

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Enora Easterling
endure and survive
Enora Easterling
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MessageSujet: Re: (beating heart of stone), enight.    (beating heart of stone), enight.  EmptySam 15 Sep - 0:48

Elle ne peut que s’imaginer ce qui va arriver s’ils lui mettent la main dessus. Elle a entendu des histoires, elle a vu des cadavres. Des uniformes ensanglantés, des messages laissés sur le seuil du QG, des yeux crevés et des corps démembrés. Dans cette partie de la ville, les militaires deviennent les proies. L’autorité de l’armée ne veut plus rien dire, et y mettre les pieds, c’est presque le risque de devenir un symbole. De ne plus exister en tant qu’individu, seulement en tant que soldat - et de subir la torture et la mort jugée apte pour passer un message, ou pour rendre justice à ceux qui ont souffert de la stricte discipline imposée par l’armée sur les habitants. C’est prendre le risque de crever pour ce que l’uniforme représente - peu importe qu’elle ne l’ait pas sur le dos. On reconnaitera ses traits si elle est suspendue par les pieds et éventrée. Elle est la cible parfaite, Enora - jeune et l’air innocent. On secouerait la tête, on détournerait le regard. Ça ferait serrer les dents de ses supérieurs, et les représailles ne feraient que prouver le point de ceux ayant commis l’acte. Elle sait que c’est mettre le pied en plein nid de guêpes, que de venir ici - qu’elle va s’en mordre les doigts, qu’elle le fait déjà. Que si on lui mets la main dessus elle ne passera pas la nuit, ou elle la passera dans le sang et la douleur. C’était une erreur de venir ici, elle le sent dans l’air, dans les regards de ceux qu’elle croise, et pourtant elle est incapable de le regretter. Et surtout, elle ne cessera pas de revenir. Y’a plus important que sa vie. Y’a celle de son père.

Mais quand elle pense que c’est déjà trop tard, que des mains violentes agripperont son corps pour le brutaliser, elle heurte le mur. Du moins, ce qu’elle croit être un mur - mais il ne s’agit que de lui. Et elle déteste le certain soulagement qui naît en elle à l’idée de le croiser, comme s’il pourrait lui offrir un quelconque sanctuaire, tout autant qu’elle sait qu’il n’hésiterait pas à la jeter aux loups. Pourquoi pas, après tout ? Après ce qu’elle a fait, elle ne pourrait pas le blâmer. Une partie de son appréhension change de nature, face au regard qu’il lui lance, et elle en est presque à oublier les hommes qui la suivent. « Really ? » Elle aurait envie de lui claquer un coup de poing sur la mâchoire, de la manière qu’il parle, et qu’il reste là sans bouger. Mais ça ne ferait probablement qu’aggraver son cas, et elle n’est pas là pour crever. Elle ne fait que plisser des yeux, serrant la mâchoire. Just fucking let me through. « They don’t seem to really like you. » Le soupir au bord des lèvres, les vieilles habitudes qui cognent à la porte pour reprendre leur cours. T’as rien d’autre à faire de ta journée ? « I wonder why. » « Fuck you. » Elle ne peut s’empêcher de cracher. Elle le regarde retirer une cigarette d’entre ses lèvres, alors que les pas s’approchent de plus en plus derrière elle. Prise entre les deux, aucune issue possible - elle décide de rester auprès de lui en se retournant. Lesser of two evils, comme on dit. Elle croise le regard des types, gardant tout de même son visage à moitié dissimulé sous la capuche. Elle ne va pas leur donner raison d’enregistrer ses moindres traits, tout de même. Reste stoïque face à leurs menaces, malgré son coeur qui se serre dans son estomac. À se demander si elle est complètement foutue, ou s’il y a encore de l’espoir. « Fuck off. » Ses mains se serrent, elle regrette amèrement de ne pas être venue armée - mais elle évite généralement de le faire pour ne pas s’attirer d’ennuis. Même si les ennuis viennent quand même la trouver. Pas moyen de s’échapper, d’aucun côté.

Le couteau est levé ; Enora serre les dents davantage. Voilà une arme qu’ils n’auront pas peur d’utiliser. Elle ne bouge pas, essayant de trouver une solution à cette situation merdique, l’autre qui n’a toujours pas fait mine de vouloir l’aider - pourquoi le ferait-il de toute façon - et les menaces qui se concrétisent. Jusqu’à ce qu’une autre arme fasse son entrée de jeu - un pistolet. « I said : fuck off. » Enora ne peut retenir un regard éberlué en direction du grand milicien ; et pourtant le fait qu’il se trimbale avec une arme illégale ne la surprend pas le moindrement. Elle est simplement surprise par le fait qu’il ait pris la peine de la sortir, au lieu de simplement déguerpir et de la laisser à ses emmerdes. Le couteau n’est pas de taille contre l’arme à feu, et les types se contentent de regards mauvais en sa direction. Enora sait que rien n’est gagné, cependant ; mais le milicien s’écarte soudainement pour la laisser passer. Elle n’hésite pas une seconde à s’engouffrer dans l’espace créé - ses pas rapides la menant à l’autre bout de la ruelle. Le coeur débattant dans sa poitrine, sachant qu’elle doit foutre le camp rapidement, que ce sont que des secondes qui ont été gagnées. Arrivée au croisement, elle va pour continuer sa route quand une main l’empoigne solidement par le col. Ça lui coupe le souffle de surprise, et elle aggripe les mains du milicien avec hargne. « C’mon, we gotta go. Fast. » We ? Elle ne comprend pas. Ne comprend pas pourquoi il l’a aidée, pourquoi il continue de le faire. Déchirée entre la haine instinctive et la dette qu’elle lui doit à présent, Enora lui jette un regard noir. « Let me go. » Un ton qu’elle essaie de garder bas, alors qu’il se mets à la traîner comme une gamine à travers les rues. Bien sûr, il ne l’écoute pas - ne fait que la guider sans ménagement jusqu’à un immeuble miteux. Continue de se débattre tout du long, le plus discrètement possible, mais tout de même avec acharnement - comptant bien lui faire payer sa brutalité plus tard. En même temps, il lui faut disparaître, les types ne seront allés chercher que du renfort - et il semble savoir où aller pour ça.

C’est finalement arrivés au deuxième étage de l’immeuble en question, et passé la porte d’un appartement qu’elle retrouve sa liberté - et elle s’éloigne immédiatement, installant une distance de sécurité entre eux. La rage au ventre et l’humilitation dans la gorge, mais l’inquiétude qui terrasse le reste. Laisse retomber sa capuche dans son dos, passant une main rapide autour de son cou, et se dirige immédiatement vers les fenêtres pour y jeter des coups d’oeil furtifs - personne à l’horizon. « You really fucked up my day, y’know that, right ? » La tête se tourne d’un geste sec en la direction du milicien, les yeux qui se remplissent immédiatement de colère. « I never asked you for anything. » L’hostilité qui déborde de chaque mot, mais elle sait qu’il a l’avantage sur elle - elle n’a rien demandé, peut-être, mais sans son aide elle serait en bien pire situation. « What are you even doin’ here, huh ? » Un autre coup d’oeil vers la fenêtre, avant de s’éloigner pour croiser les bras. Se planter devant lui, yeux plissés, mâchoire serrée. Le sérieux sur les traits, fermés et méfiants. « None of your goddamn business. » Elle n’allait quand même pas commencer à déballer sa vie entière sous prétexte qu’il lui avait filé un coup de main. Mais elle ne savait tout de même pas où se tenir, face à ce soudain élan de générosité. Après les derniers mois d’évitement, après les dernières années de combat, pourquoi ? Elle relève le menton, Enora, dans un certain air de défi. Se réfugiant dans ce qu’elle connaît, pour éviter la vulnérabilité. « What is this place ? How do you know they’re not gonna follow us here ? » Après tout, ça reste toujours une possibilité - un immeuble et quelques portes verrouillés ne les arrêteront pas s’il le faut.  
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Goodnight James
endure and survive
Goodnight James
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MessageSujet: Re: (beating heart of stone), enight.    (beating heart of stone), enight.  EmptySam 15 Sep - 16:45

Elle a beau s’être débattue tout le trajet, et avoir voracement tenté de lui échapper, rien n’y a fait. La poigne trop ferme à l’arrière de son col, la poussant dans la direction qu’il voulait, tout en maintenant en place la capuche qu’il ne voulait certainement pas voir tomber. Leur situation déjà assez confuse et dangereuse pour qu’ils n’en rajoutent une couche - et, plus d’une fois, l’envie le traversa de la brusquer sur le sujet et de la laisser filer si c’était réellement ce qu’elle voulait. Il n’en fit pourtant rien. Pas le temps, et pas la patience. Chaque seconde à marcher trop lentement était une chance de plus de ne pas s’en tirer. Et s’il aurait pu éviter de se faire bouffer, de prime abord, les règles du jeu avaient changé dès l’instant où il avait sorti son arme pour les empêcher d’approcher. Désormais, sa peau serait presque aussi recherchée que celle de la gamine qu’il trainait de force jusque chez lui. Elle pour son statut, et lui pour son arrogance. Voilà ce qui arrive à ceux qui nous tiennent tête.

Voilà ce qui arrive, à ceux qui pensent pouvoir nous contrôler.


Elle se pense plus haute qu’eux, dans son uniforme. Mais une fois en-dehors, elle n’est plus rien. Et elle le sait. Il peut le flairer, dans sa manière de se tenir, sa manière de se comporter. Il le flaire, la porte claquée derrière eux, alors qu’il l’a laissée filer et qu’il la voit brusquement enlever sa capuche pour se diriger vers la fenêtre. La remarque qu’il grogne - et, bien vite, elle ne se prive pas de lui répondre. Sourdement, agressivement. « I never asked you for anything. » C’est vrai, et ça l’enrage de se le voir rappelé. Ses dents qui crissent, alors qu’il se détourne. « Yeah, you’re welcome. Stay the fuck away from the window. » Il a levé le bras pour désigner la fenêtre. S’éloigne de quelques pas pour passer à sa hauteur, avant de se retourner. Les éclats de voix. Besoin de comprendre, besoin de tirer un sens de l’absurde réalité dans laquelle il se retrouvait plongée. Elle, ici. Elle, chez lui.

Elle, qu’il avait traînée là bon gré mal gré, et qui rendait désormais sa situation plus compromettante que jamais.


« None of your goddamn business. » Mais bien que la réponse lui hérisse le poil le long de la nuque, il lui faut avouer que la réalité a au moins eu le mérite de reprendre bien vite les traits qu’il lui connaissait. Pas d’amabilité, pas de pitié. Il lui avait sauvé la peau, mais ça ne faisait pas partie de leur manière de s’appréhender. Et le venin qu’elle lui balançait avait au moins le mérite de le lui rappeler. You’re the one who fucked that up. Il leva les yeux au ciel, pour toute réaction. Secouant la tête et haussant les épaules, sifflant méchamment entre ses lèvres, alors qu’il s’approchait pour tirer le rideau et l’empêcher de regarder plus longtemps à l’extérieur. « What is this place ? How do you know they’re not gonna follow us here ? » Elle à la lueur de défi au fond des yeux, et il darde ses prunelles dans les siennes sans pitié. Coup d’œil foudroyant, alors que les premiers mots grognés s’échappent en ce qu’il essaie de transformer en réponse civilisée. « My place. » C’est un taudis, mais il s’en moque. Peu cohérent avec son statut de milicien, et bien éloigné de l’endroit où il lui fallait d’ordinaire se présenter pour travailler. Mais au diable la logique. Lorsque le monde glissait dans l’inconscience et l’incohérence, les ombres de la quatrième zone avaient été les seules assez sauvages et assez denses pour lui donner l’impression de pouvoir s’en tirer, et grandir à leurs côtés. « They’re not gonna follow us here, because they didn’t see us coming in. » Le ton bas, alors qu’il remet son arme en place dans sa ceinture, rabat sa chemise par-dessus. S’éloigne de la fenêtre, pour retourner vers la porte d’entrée. « Only the residents know ‘bout the back door. » The residents, and you. « So even if they understand we got into the building, they’ll have to take the main entrance to come in. » Les traits qui se détendent quelque peu. L’ombre d’un sourire qui pourrait se glisser sur ses lèvres, si la présence de la soldate à ses côtés ne faisait pas tout pour l’en empêcher. « And Crazy Rick’s sitting here like a fucking guard dog every last second of every damn day of the week. » Il a remis la cigarette dans le paquet qu’il devait à Willy. L’envie de fumer soudainement coupée par le minois qu’il s’en voulait d’avoir ramené ici. Mais c’est trop tard pour regretter. « And nobody wants to mess with Crazy Rick. »

Soupir. Ses bras qui se croisent sur sa poitrine, son dos qui s’appuie contre le comptoir de la cuisine, à deux mètres à peine de la porte d’entrée. Son regard qui se vrille sur Enora, toujours plantée un peu plus loin. La haine pour lui retourner les tripes - mais il serre les dents, plutôt que de lui cracher toutes les ignominies que la rage lui dicterait. Respire. « You even dumber than I thought. » C’est une attaque modérée, attaque contrôlée. Crachée sans aménité, et il se moque éperdument des dégâts qu’elle pourra causer. « What the fuck were you thinking, huh ? » Il renifle. Les dents serrées, l’envie de la foutre dans la rue et de la laisser se démerder lui collant au fond des pensées, indécrottable. « Thought you soldiers knew better than wandering into that zone with only a little hood to hide your face. » Le mépris au fond de la voix, qu’il ne cache même pas. La désignant d’un signe de menton, avant de continuer. « Hope you’ve got a bulletproof vest under that sweater, ‘cause otherwise I don’t know how the hell you’ll be getting out of here alive. » C’est souligné d’un regard noir donc il ne se prive pas. Regard noir qui la détaille de haut en bas, sans pitié. Laissant découler de ses paroles les mots qu’il voulait vraiment lui adresser : compte pas sur moi pour t’aider à rentrer chez toi. C’était ta première chance, et la dernière.

Et ta naïveté serait encore bien plus sévère que je ne le croyais, si tu penses pouvoir me convaincre du contraire.

(c) blue walrus
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Enora Easterling
endure and survive
Enora Easterling
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MessageSujet: Re: (beating heart of stone), enight.    (beating heart of stone), enight.  EmptyDim 16 Sep - 21:33

« My place. » Elle braque son regard vers lui, sourcil arqué. Your place ? This ? Et pourtant aucun mot ne s’échappe de ses lèvres. Seul ses yeux parlent pour elle, alors qu’elle les laisse glisser sur l’appartement dans lequel il l’a emmenée. Chez lui. Il l’a emmenée chez lui. Ça pourrait presque vouloir dire quelque chose, si seulement son sang ne bouillait pas dans ses veines d’avoir été traînée comme une gamine pendant près d’un demi-kilomètre. Finalement, son regard s’arrête sur le rideau qu’il vient de tirer - comme si elle n’avait pas été prudente de se tenir sur le côté et de rester furtive dans sa manière de faire. Comme si elle n’était qu’une gamine inconsciente. L’envie de continuer de lui cracher le venin au visage, de trouver en ses traits un exutoire pour toute la colère ammassée au fond de ses tripes. Il faut toujours quelqu’un ou quelque chose à détester, non ? Et pour Enora, c’était le milicien, tout ce qu’il était, tout ce qu’il disait.

Elle étire le dos alors qu’il continue de parler, s’étend sur le pourquoi et le comment de leur présence ici, de ceux qui auront certainement tenté de les suivre. Mais elle ne peut rien dire, elle tient sa langue - elle ne les avait pas aperçus les dernières minutes avant d’arriver dans l’immeuble, et ce dernier était bien tranquille. « And Crazy Rick’s sitting here like a fucking guard dog every last second of evey damn day of the week. » Elle continue de l’observer comme un aigle, méfiante et alerte au moindre de ses mouvements, comme si elle appréhendait toujours qu’il se retourne contre elle et que tout ça ne soit qu’une stratégie. Elle sait que son statut de milicien est pourri, de toute façon, l’arme illégale parle en elle-même ; qui sait s’il n’est pas de mèche avec les types qui la suivaient ? Qui sait qu’elle ne vient pas de se faire jeter dans la gueule du loup ? Elle ne rejette aucune option, mais pourtant ne parvient pas à s’y accrocher. Elle ne parvient qu’à se détendre, en quelque sorte, du danger potentiel à sa vie. « And nobody wants to mess with Crazy Rick. » Elle lève les yeux au ciel, croisant les bras devant sa poitrine, avant de constater qu’il venait de faire le même geste. Ses bras retombent aussitôt le long de son corps, balayant les mèches droites qui s’étaient échappées de sa natte. Elle essaie d’éviter son regard, mais elle peut sentir ses prunelles sur elle comme deux flammes brûlantes, et ça l’énerve, ça lui fait taper du pied, mais elle sait qu’elle ne peut pas partir, pas maintenant.

« You even dumber than I thought. » Ça claque, et elle fait volte-face sur ses talons pour vriller son regard dans le sien. Excuse me ? « What the fuck were you thinking, huh ? » Elle peut sentir la hargne et l’hostilité émaner de lui, et elle serre la mâchoire en retour. Ne fuit pas son regard, ne fait que le solidifier, construit le mur de béton et le mets au défi de foncer à vive allure dedans. « Thought you soldiers knew better than wandering into that zone with only a little hood to hide your face. » Elle le regarde avec le même mépris, et un certain détachement - you don’t know anything about me. « Hope you’ve got a bulletproof vest under that sweater, ‘cause otherwise I don’t know how the hell you’ll be getting out of here alive. » Elle déteste la manière qu’il la dévisage, qu’il la détaille comme un insecte ridicule, ça pénètre sous sa peau et ça grignote le peu de patience qu’elle possède. « Oh, I’ll get out of here just fine, don’t worry about that. » Elle lui crache dessus, un pas en avant. Rien à foutre qu’il ait deux têtes de plus qu’elle, elle ne se laissera certainement pas impressionner. « You think you’re so smart, standing there with your cigarettes and your illegal gun. » Elle garde ses yeux vrillés sur lui. Un jeu ça se joue à deux, connard. « You’re damn lucky we’re not two miles west. What would you do then, huh ? Even your ridiculous militia badge - » La voix qui se hausse. Elle s’arrête brutalement, alors que des bruits de pas résonnent dans l’appartement. Ça vient de la cage d’escalier - et le temps se suspend quelques secondes. Mais les bruits s’éloignent vers le haut, jusqu’à ce que le silence revienne. Elle lève le menton, Enora. Croise les bras, se plante dans le sol. Regard planté dans celui du milicien, tempêtes de flammes. « Just shut the hell up. Don’t pretend you know a single thing about me. » Tout ce que tu sais, c’est tout ce que je veux que tu saches. Pas question de lui parler de sa véritable raison d’être là, pas question de révéler quoi que ce soit à propos d’elle. Plutôt crever que de se montrer vulnérable devant lui. « And stop talking to me like a fucking child. » La voix ne tremble pas - ne se hausse pas, mais claque dans l’air comme des crachats. Elle déteste qu’on la regarde de haut ainsi, déteste qu’on prenne sa jeunesse pour de la vulnérabilité, déteste qu’on ne voit qu’en elle une gamine facile à manipuler.  

Et elle reste là, Enora, bien déterminée à juste attendre que le temps passe suffisamment avant de pouvoir foutre le camp. Se détourne du milicien, presque déterminée à l’ignorer jusqu’à être en mesure de claquer la porte. Tire sur l’élastique retenant sa natte, les cheveux qui retombent. Les rassemblent en une couette plus simple, avant de regarder sa montre. « What a fucking mess. » Qu’elle murmure entre ses dents, réalisant que l’heure file, et que rien ne sera simple - le temps qu’elle retourne en zone un, la nuit sera bien tombée. Hâtive de jeter le blâme sur lui, qui peut le prendre, sur qui elle se permet de le jeter.
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Goodnight James
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MessageSujet: Re: (beating heart of stone), enight.    (beating heart of stone), enight.  EmptyLun 17 Sep - 0:57

Elle s'apprête à feuler. Le corps tendu, le menton levé. Les yeux vrillés dans les siens, et la fierté débordant de sa moue vexée. Elle n'aime pas comment il lui parle — et ça ne prend pas une observation poussée pour le constater. Il ne réagit pourtant pas à la manière dont elle accuse le coup de ses mots. La laisse se gonfler de venin, se préparer à le cracher. Imperméable à tout ce qu'elle pourrait lui balancer — et refusant de se laisser perturber par sa simple présence à ses côtés. « Oh, I’ll get out of here just fine, don’t worry about that. » Elle n'est pas patiente — et, contrairement à lui, laisse la situation venir la chercher jusqu'au plus profond de ses tripes. Et elle feule, l'enragée, refusant de subir les quolibets sans répliquer. Elle avance d'un pas ou deux, et elle lève la tête aussi haut qu'elle le peut. L'attaquer. Lui faire payer. Incapable de s'arrêter, dans son désir de lui rendre coup pour coup. « You think you’re so smart, standing there with your cigarettes and your illegal gun. » Et ça lui fait serrer les dents, imperceptiblement. Les muscles de sa mâchoire qui se contractent, soulignés par sa peau fine. Pourtant, il ne répond pas. Ne dit rien. Ne lui fait même pas le plaisir de sourire, ou de bouger. Sans le revolver illégal qu'elle lui reprochait d'avoir en sa possession, les choses se seraient compliquées bien davantage — et il n'attendait que la première occasion pour le lui rappeler. Se taisant, pour le moment. S'efforçant de ravaler la rage, et l'envie de la secouer, pour retrouver le calme qui rendrait ses mots plus blessants encore. « You’re damn lucky we’re not two miles west. What would you do then, huh ? Even your ridiculous militia badge - » Le sang qui bout davantage dans ses veines, à mesure qu'elle continue de l'attaquer. Et pourtant, le temps en vient à se suspendre. Enora qui ne dit plus rien — coupée au beau milieu d'une phrase, alors que des pas résonnent dans la cage d'escaliers. Immédiatement, il s'est redressé. L'oreille tendue, l'attention focalisée sur la porte d'entrée verrouillée à double tour — écoutant avec attention tout ce qui se jouait derrière.

Mais les pas s'éloignent, et l'un comme l'autre se détend. Elle ne reprend néanmoins pas sa phrase, et se contente de reculer un peu. Les bras qui viennent se croiser, retrouvant une position similaire à celle qu'il avait adoptée. La haine toujours dans la gorge, et la propension à feuler n'ayant nullement diminué — seul son volume de voix avait baissé. « Just shut the hell up. Don’t pretend you know a single thing about me. » Il ne peut s'empêcher de lever les yeux au ciel. Ses bras se décroisant, son corps se décollant du comptoir de la cuisine. Il se redresse, la surplombe de toute sa hauteur, et ne repose les prunelles sur elle que lorsqu'elle enchaîne, impitoyable. « And stop talking to me like a fucking child. » Cette fois, le ricanement lui échappe. Sans sourire aucun — et il ne fait que passer à ses côtés pour aller vers le canapé. « Yeah, right. » La rage au bord des lèvres — et il n'a pas besoin d'écume pour la voir se matérialiser. Les mots suffisent, et il les a aussi cruels que déterminés. « You're really not helping your case, y'know. » Marmonner entre ses lèvres, alors qu'il sort son revolver de son pantalon pour y remettre la sécurité. Va le ranger au fond d'un tiroir, avec le paquet cigarette que Willy ne manquerait pas de venir lui réclamer violemment, très prochainement. « Walking around in the fourth zone like that. » Se tourner vers elle. Les prunelles noires qui la happent sauvagement, et l'agressivité qu'il ne cherche pas à dissimuler. Le calme de sa voix lui suffit à se faire entendre, malgré le bouillonnement qu'on ne peut que trop facilement percevoir au fond de son ton. « I'll stop treating you like a damn fucking stupid and naive little girl, the day you'll stop biting my nose and spitting on me like I'm some dumb shit you can just rule with that big mouth and that stupid uniform of yours. Deal ? » L'arrogance à son point culminant — mais il s'en moque. Rien ne pourra faire arrêter les hostilités, et il le sait. Une partie de lui s'en retrouve presque satisfait. Au moins une guerre à mener, et la solitude ne pourrait l'en empêcher.

Pourtant, il finit par se calmer. Par attraper un verre dans un placard, et en tirer une bouteille pour le remplir. Le regard finalement détaché d'elle, baissant la garde comme il le regretterait sûrement, mais refusant de lui accorder davantage d'attention. I won't let you have the best of me. Not even the worse, either. Et, un peu plus loin derrière lui, il l'entend. Soucieuse, n'ouvrant pas la porte pour s'en aller comme son arrogance et son ton assassin l'auraient suggéré. Si t'as pas envie d'être là, alors tire-toi. J'te retiens pas. Mais il ne le dit pas. Ne veut pas piquer davantage sa fierté, et ainsi la pousser à s'en aller. Ce serait échouer à la mission qu'on lui avait donnée et, malgré la haine qu'il vouait à la soldate, l'idée lui déplaisait. Si t'es plus capable de te conduire décemment, tâche au moins de faire du bon travail. Une philosophie de vie comme une autre. Et il s'y accrochait.

« What a fucking mess. » Il tourne la tête, sans tourner les épaules. Lui jette un regard rapide. Elle a défait ses cheveux, pour les nouer autrement. Le regard vrillé sur sa montre, et semblant guetter la lumière baissante du jour. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'il réalise qu'il ne pourra pas ressortir. Que leurs agresseurs vont écumer les rues jusqu'au couvre-feu, et après encore. Qu'avec Enora à ses côtés, il ne serait pas question de transgresser la loi imposée par les militaires. Et que même si celle-ci ne s'appliquait que peu dans la quatrième zone, en raison de l'absence cruelle de forces armées pour faire régner l'ordre, les petites crapules dans le genre de celles qu'ils avaient croisées se chargeaient en général de reprendre les choses en main. La nuit, la chasse était ouverte — et mieux valait que la soldate reste enfermée jusqu'à ce que le matin amène avec lui une tranquillité qu'elle ne retrouverait à aucun autre moment dans la journée. « Yeah, don't think you'll be able to sleep in your bed tonight. » Il se tourne vers elle, entièrement. S'appuie contre le comptoir, verre en main. Ne lui propose pas d'alcool. Pourquoi le ferait-il ? « Might be stuck here till tomorrow morning. » Et ça ne lui fait pas plaisir. Ça s'entend à la note amère sur sa langue, ça se voit à la manière dont il porte le verre à ses lèvres. Ce serait une victoire, en d'autres circonstances — mais pas alors qu'elle est chez lui. Pas alors qu'elle est à sa charge, et qu'il sait qu'elle ne se plaira que trop à faire de sa nuit un enfer. « Unless you want to keep strolling the streets like a fucking lamb in the slaughterhouse. » Lever les yeux au ciel. Ne pouvant s'empêcher d'utiliser les propos mauvais — ceux qui allaient toucher les cordes sensibles, et qui se chargeaient de les tirer avec une hargne non-dissimulée. But don't worry, little girl. That place may stink, that company may be shitty, but the dumb wolf that found you will leave your guts alone if you don't piss him off all night.

Don't worry, little girl.

You'll be safe to go back home tomorrow.

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Enora Easterling
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MessageSujet: Re: (beating heart of stone), enight.    (beating heart of stone), enight.  EmptyMar 18 Sep - 10:54

Il ricane. C’est la seule chose qui s’échappe de ses lèvres, après qu’elle lui ait craché dessus. Un ricanement qui n’en est pas vraiment un, dénué de tout amusement ou légereté. Juste de la moquerie, de la raillerie. Et ça fait bouillir le sang dans ses veines, ça donne envie de lui hurler dessus de la fermer, de frapper son poing sur sa grande gueule pour le taire. Mais elle reste là. Regard tempétueux, poings serrés. « Yeah, right. You’re not really helping your case, y’know. » Bon sang qu’elle aimerait juste qu’il la ferme, une fois pour de bon. Qu’il arrête de retourner le couteau dans la plaie, de la piétiner encore et encore en espérant qu’elle se range six pieds sous terre. Eh bien c’est mal la connaître - c’est ne pas savoir que plus il essayera, plus elle se débattera. Elle ne fait que relever le menton, comme par défi, toisant chacun de ses mouvements, notant bien au passage où il range l’arme et les cigarettes - qui sait ce qu’il y a d’autre dans ce tiroir ? « Walking around in the fourth zone like that. » Ses yeux roulent dans ses orbites - il pourrait lâcher l’affaire, en revenir, passer à autre chose, non ? Ça en devient redondant. Il ne la connaît pas, ne connaît pas son histoire, ne sait pas que cette zone, elle la connaît, et que malgré le risque elle sait rester en sécurité ici. Elle avait fait un pas de travers ce soir. Avait croisé les mauvais regards. Ça faisait partie du deal. Mais ce n’était pas juste la zone - c’était cette ville, c’était cette vie. Mais elle se braque quand il se tourne vers elle à nouveau, le regard noir comme la nuit, le corps tendu qui la surplombe. Elle sait qu’il est bien plus fort qu’elle, et que dès qu’il le voudrait, il pourrait la chasser d’un geste. « I’ll stop treating you like a damn fucking stupid and naive little girl, the day you’ll stop biting my nose and spitting on me like I’m some dumb shit you can just rule with that big mouth and that stupid uniform of yours. Deal ? » Elle ne répond rien. Reste clouée là où elle est, tentant de réfréner tant bien que mal la claque qu’elle a envie de lui donner. La colère, la rage sourde au fond des tripes, ça la fait presque trembler. L’envie de cracher davantage, de mordre même, de lui faire payer ses mots, de ne surtout pas le laisser gagner. Réaction instinctive à l’humilitation qu’il lui porte à chaque mot, à cette hostilité qu’elle sait fondée, à quelque part. Comme elle a envie de lui rendre la monnaie de sa pièce. Encore. Mais elle se tait. Pour une raison qui lui échappe, elle se tait. Ravale l’envie de lui faire bouffer ses mots, se fait violence pour détendre ses muscles qui n’ont qu’une seule envie, s’attaquer à lui. Elle pourrait aussi partir - mais ce n’est pas une bonne idée non plus. Elle est coincée ici, au moins pour quelques temps. Foutue.

Et le soleil décline, elle sait qu’il va bientôt être trop tard, beaucoup trop tard. Le problème n’est pas de passer les checkpoints, mais de sortir de la zone - et si en plein jour elle est prête à courir le risque, elle sait que c’est presque du suicide de sortir la nuit. Pas complètement stupide, comme l’autre imbécile semble tellement le penser - et c’est un regard plein de hargne qu’elle lui jette quand sa voix s’élève à nouveau. When will you learn to shut up ? « Yeah, don’t think you’ll be able to sleep in your bed tonight. » Il s’est servi un verre - et baisse brièvement les yeux, avant de retourner le toiser. Dans son regard, toute la colère et l’hostilité qu’elle lui porte, et la couche de blâme qu’elle lui jette dessus. Tout ça, c’est sa faute. Bouc-émissaire facile. « Might be stuck here till tomorrow morning. » Elle serre les dents - elle avait déjà compris ça. Et ça lui file le frisson, de penser devoir passer les prochaines heures dans ce trou, avec lui. Un frisson de désespoir et d’irritation. Et elle déteste comme il le dit, comme si c’était à lui de décider, comme s’il possédait la vérité, comme s’il était le seul dans cette pièce à posséder une graine de bon sens. Comme si elle n’aurait pas su déduire elle-même, comme si elle n’était qu’une gamine sans cervelle. Elle a envie de lui arracher son foutu verre des mains et de lui éclater sur la tête. « Unless you want to keep strolling the streets like a fucking lamb in the slaughterhouse. » Et alors, quelque chose craque, le dernier fil de patiente qu’il lui restait sans doute, et la légère couche de reconnaissance qu’elle avait envers lui pour l’avoir tiré de son mauvais pas - tout ça disparaît d’un grand coup de vent, et elle s’approche comme une furie, le regard noir et enflammé.

« When will you fucking shut up ?! » Elle sait qu’elle lève trop la voix, qu’elle doit se calmer, que ça ne va qu’attirer de la mauvaise attention sur eux. Prend une seconde pour ravaler l’envie de hurler dessus, sans arrêter de le toiser. « You call me a little girl, you think you’re any better ? You’re just a boy, a boy that thinks because he’s tall, he’s a man. Well let me tell you. You’re pathetic, you’re sad, and you’re lonely. You live in a shithole and you can’t even do your one job properly. » Yeux plissés, les griffes sorties, le corps trop proche du sien et elle le sait. Elle en fait trop, mais elle n’en peut plus de se faire piétiner - elle sait cracher, elle aussi. Elle sait frapper, elle aussi. « You’re think you’re different because you wear that badge, but you’re just like everyone. » La lèvre qui en tremble presque, de la rage qu’elle contient à peine dans ses tripes. « Full of prejudice, all because I wear a fucking uniform to work. Macho, thinking you can boss me around ‘cause I’m just a girl. Well fuck you. » Tend le bras vers la fenêtre, pour la pointer du bras. « Believe me, as soon as I see the first fucking rays of light I’m out of here. And you better wish I don’t see when in any other zones, ‘cause I will bust your ass. And you know what happens then. » Elle sait que c’est bas - que c’est horriblement bas, de lui rappeler cet épisode, sachant ce qui en a découlé. Mais la colère l’a fait parlé trop vite. Elle ne s’autorise pas à regretter ses paroles, redressant seulement le menton pour affronter son regard. Le défiant de lui dire qu’elle ne fera pas son job - sachant qu’elle le fera. Autant assumer, rendue où elle en est - déjà un monstre, déjà perdue. Ça ne sert à rien de se leurrer à penser qu’elle pourra se rattraper un jour. Les erreurs trop lourdes, la moralité trop corrompue. Le corps presque tremblant de la confrontation, espérant que ça ait au moins le mérite de lui fermer le clapet, qu’ils puissent rester en silence le reste de la nuit. Qu’elle déguerpisse au petit matin, espérant qu’ils n’aient plus jamais à se recroiser. Qu’elle n’ait plus à affronter son regard, et à repenser à ce qu’elle a fait.
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Goodnight James
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MessageSujet: Re: (beating heart of stone), enight.    (beating heart of stone), enight.  EmptyMar 18 Sep - 18:21

Elle enrage, la furie. La hargne qui lui obstrue la gorge, et que ses yeux allumés dégueulent entre eux avec une colère qu'elle ne cherche même plus à dissimuler. Chaque mot qu'il prononce touche davantage sa cible, et il sent que ce n'est qu'une question de temps avant de la voir bondir. Lui sauter à la gorge, et tenter de la lui arracher. Sans pitié. Il le sait, et il ne fait rien pour l'en empêcher. Bloqué là, face à elle. Perdu dans sa propre rage, et dans son désir de lui faire payer le mal qu'elle a pu lui faire. Le tort qu'elle a pu lui causer. L'air de supériorité qu'elle arbore, chaque fois qu'elle le croise — chaque fois qu'elle est dans son territoire, et qu'elle peut se permettre de le lui rappeler. Mais aujourd'hui, c'était elle qui avait fait le pas de travers. Elle, qui s'était aventurée dans une zone qui la dépassait, et où elle n'avait rien à faire. Et plus les secondes passaient, plus il regrettait de lui avoir tendu la main pour l'aider. Ingrate.

Mais il lui a donné le coup de trop. Le coup qu'elle refuse d'accuser, et face auquel elle se met à rugir sans plus de retenue. Il a dépassé les bornes, et il le sait au moment où le petit corps face à lui se met en mouvement. S'approche, brusquement — et l'espace d'un instant, il a l'impression qu'elle va perdre le contrôle. L'agresser, physiquement. Mais le coup ne vient pas. Seuls les mots sont de mises, et elle ne semble pas prête à s'en écarter. « When will you fucking shut up ?! » Il pourrait répondre. Pourrait pousser encore davantage l'arrogance, et lui faire comprendre qu'elle jouait hors de sa cour. Hors de son terrain de prédilection. Lui rappeler qu'elle était chez lui, et qu'il était celui en droit de poser les règles qu'elle n'avait plus qu'à respecter. Pourtant, il n'en fait rien. Se contente de serrer les temps, et de laisser la tempête se déverser sur lui sans broncher. Vas-y, gamine. Donne tout c'que t'as. « You call me a little girl, you think you’re any better ? You’re just a boy, a boy that thinks because he’s tall, he’s a man. Well let me tell you. You’re pathetic, you’re sad, and you’re lonely. You live in a shithole and you can’t even do your one job properly. » Mais elle a plus de force qu'il ne s'y attendait. Chaque coup qui atteint adroitement sa cible, et même s'il se refuse de ployer et de s'avouer blesser, la bile se roule en boule dans sa gorge, et enfle à chaque foutu mot qu'elle continue de lui cracher. La vérité qui fait plus de mal qu'il ne le voudrait — et ce qui est faux, il n'a pas le droit de le nier. Garder la tête haute, et ne pas lui laisser savoir qu'il infiltrait en réalité le marché noir parce qu'on le lui avait demandé. Parce qu'il y était déjà. Fil d'un rasoir sur lequel il ne sait plus comment danser. Tout était en train de devenir beaucoup trop compliqué. Mais ça, elle ne pouvait pas le savoir. Surtout pas elle. « You think you’re different because you wear that badge, but you’re just like everyone. » Ça lui donne envie de cracher, lui aussi — mais il se retient. Persuadé qu'il peut encaisser, persuadé qu'il est capable d'accuser les coups et de gagner cette bataille. Que le venin ne l'atteindra pas, et qu'il saura lui faire face jusqu'à la dernière seconde. Persuadé. Persuadé. « Full of prejudice, all because I wear a fucking uniform to work. Macho, thinking you can boss me around ‘cause I’m just a girl. Well fuck you. » « Excuse me ?! » Ça s'étrangle dans sa gorge, et il ne réalise qu'il a parlé que trop tard. L'envie de continuer, l'envie de lui déballer le fond de sa pensée. Les accusations injustes qui s'empilent, et face auxquelles elle ne lui laisse pas l'occasion de répliquer. Parce qu'elle n'a pas terminé. Oh non. Pas terminé.

« Believe me, as soon as I see the first fucking rays of light I’m out of here. And you better wish I don’t see when in any other zones, ‘cause I will bust your ass. And you know what happens then. »

Touché. Coulé.

Elle a gagné.

La fureur qui déboule dans ses veines à lui aussi, alors qu'elle sort la pire des armes qu'elle avait à sa portée. Injustement, d'un violent coup dans le bas du dos. Un coup qu'il ne peut éviter, et qui le fout sur les rotules alors qu'il s'était promis de ne jamais la laisser gagner. Il ne réalise qu'il a perdu que trop tard — quand ses mains attrapent violemment le col de la gamine, pour l'attirer à lui. Menace d'une tête et demie de plus qu'elle — et rien ne le retient alors de la frapper. De lui faire payer son arrogance, son insolence, et les mots qu'elle avait oubliés de peser.

Mais avant que le poing ne parte, avant que l'irréparable ne soit commis, il réalise ce qu'il est en train de faire. Réalise la poigne féroce autour du col de la soldate, et l'acte de violence ainsi perpétré. Et avant de l'avoir davantage secouée, il la relâche. Brusquement, la repoussant dans un même mouvement. Reculant, pour passer sa main sur ses traits, un instant. Refusant de la regarder, essayant de profiter de ce répit pour respirer. En vain. Lorsque ses yeux se posent à nouveau vers elle, c'est pour lui jeter des foudres impossibles à contrôler. Pour pointer vers elle un index accusateur, alors que sa voix se mettait à gronder, dans les basses qu'il n'atteignait que lorsque ses limites avaient été bafouées. « How dare you bringing that up ?! » Pas besoin de crier pour que le message passe. Son regard droit et féroce suffit — et sa voix grave et dévorant souligne à la perfection l'idée qu'il veut véhiculer. Cette fois, t'es allée trop loin. « Don't you ever fucking talk about this anymore. Not ever. » Reculer d'un pas, encore. Reprendre le verre qu'il avait abandonné sur le comptoir, lorsque les mots d'Enora avaient commencé à trop l'atteindre. D'un trait, le vider. Et reporter son regard vers elle, sans y retenir la colère qui l'animait. « You don't know a damn thing about me either, you arrogant bitch. You can pretend as much as you want. That's fine, I don't care. But don't you put in my mouth words I never spoke, y'hear me ?! » À nouveau, il s'approche. Le corps mué par une envie de la briser — se retenant, pourtant, de trop l'approcher. Refusant de rentrer dans ce jeu qu'elle venait de lancer. « I may be sad, lonely and pathetic, but if it wasn't for my shithole, you would be dead by now, hung up by the feet with your belly wide open and your fucking guts spilled on the floor. So if you don't want to stay here, fine. Get the fuck out. And good luck surviving the night. But don't say I didn't try to help you, at least. » Pas question de le lui étaler, pourtant. Il se fiche de l'avoir aidée. Se fiche de son ingratitude. S'y attendait, au moment de l'attraper par la capuche et de la tirer en sécurité. Seulement blessé par les mots qu'elle avait pu prononcer, et les assomptions injustes qu'elle tenait. « I don't know what makes you think you're that important, but breaking news sweetie : you're not. So stop hiding behind your fucking accusations, and try to face it once and for all : you're young, and yes, I hate you, so yes, I'm using that against you. Couldn't care less about you being a girl. » Et c'est la vérité. L'ego brisé par l'insulte qu'elle lui avait crachée — le rendre plus bas encore qu'il ne pouvait l'être. « I may not be as important as you, but please, at least try to insult me on the things I am. Not make up some just to feel better about yourself. » Proche d'elle — mais s'interdisant de lever à nouveau la main. Le message était clair. Les intentions aussi. Et si elle pouvait continuer de l'insulter autant qu'elle voulait, il ne la laisserait plus porter des coups qui n'avaient pas lieu d'être. Un jeu, ça se joue peut-être à deux. Mais ça se joue sans coups bas, et ça se joue selon les règles. Elles ne s'inventent pas au fur et à mesure — et surtout pas parce qu'un ego froissé l'avait décidé.

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Enora Easterling
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Enora Easterling
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MessageSujet: Re: (beating heart of stone), enight.    (beating heart of stone), enight.  EmptyLun 24 Sep - 17:46

« Excuse me ?! » La voix gronde. Elle glisse sur les mots et fait vibrer son estomac, et Enora sait qu’elle est en train d’aller trop loin. Que ce n’est pas parce que le milicien l’a aidé une fois qu’il hésitera à la foutre dehors si elle continue de l’insulter ainsi. Elle sait qu’elle devrait faire davantage attention, mesurer ses paroles du  moins, ou alors ravaler sa fierté et parvenir à la fermer. Mais quelque chose l’empêche, dans la manière qu’il lui parle et la regarde, elle ne peut pas résister de lui cracher au visage, il vient chercher quelque chose en elle, de réprimé, qui se libère complètement en sa présence. Avec lui, elle n’a pas à se cacher, avec lui, toute la colère qu’elle garde à l’intérieur d’elle peut s’exprimer. Tout, sur lui. Et même quand elle sent qu’elle marche sur de la glace trop fine, c’est déjà trop tard, sa langue continue, perchée et déterminée, avec un esprit en elle-même, les mots dégueulent, les mots crachent, les mots arrachent. Qu’elle a prononcé les mots de trop, rappelant un épisode crevant le coeur à un, arrachant celui de l’autre. La culpabilité et la perte, les deux monstres dans le creux de leurs paumes, dans le fond de leurs yeux. Pourquoi, Enora ? Pourquoi est-ce qu’il a fallu qu’elle aille , qu’elle mentionne ça ? Et l’éclat de regret passe dans ses yeux, alors que sa voix s’étrangle tout d’un coup. Elle devrait se retirer dans les ombres, ne plus rien dire, peut-être même que ça serait plus sage de partir - mais elle n’en a pas l’occasion. Il ne la laissera pas filer comme ça. Les mains puissantes s’agrippent à son col, et Enora n’a aucune chance de se défiler. Il est trop grand, trop fort, et trop en colère. Elle lui agrippe les doigts immédiatement pour les retirer, mais c’est inutile. Il est habité d’une rage, le noir dans les yeux, et elle n’est qu’une pauvre gamine, il a raison, une pauvre gamine qui a trop parlé, et qui a mentionné la chose à ne pas mentionner. La soeur. La soeur qu’il a perdu. La soeur qu’elle a tuée.

Elle étouffe un peu, mais ce qu’elle redoute, c’est les coups. Elle les attend, le temps se suspendant dans les airs. Attend le poing qui va lui casser le nez, les côtes. Attend la punition qu’elle mérite pour avoir eu la langue trop fourchue. Pour avoir griffé trop fort, sur une plaie pas encore refermée. Et pourtant, ça ne vient pas. Elle garde son regard dans le sien, ne pouvant cacher une certaine appréhension, mais tentant de garder le menton relevé. Mais le milicien ne fait que la relâcher, comme réalisant ce qu’il est en train de faire - ayant eu la force de se retenir avant qu’il ne soit trop tard. Pas comme toi, Enora. Elle déglutit, replace sa veste. Les doigts qui tremblent un peu - elle n’a été qu’un brindille entre ses mains. L’index accusateur qui se pose sur elle, et Enora qui serre les dents. « How dare you bringing that up ?! » Sa voix vibre jusque dans ses os. Pire que n’importe quel hurlement. Pire que n’importe quel coup de poing. « Don’t you ever fucking talk about this anymore. Not ever. » Il reprend son verre, et Enora baisse les yeux. Pourquoi t’as fait ça, Enora ? Le fantôme habite aussi ses cauchemars, après tout. « You don’t know a damn thing about me either, you arrogant bitch. » Le regard se redresse. La flamme se rallume, instantanément. What did you call me ? « You can pretend as much as you want. That’s fine, I don’t care. But don’t you put in my mouth words I never spoke, y’hear me ?! » Il lui parle encore comme à une gamine, à un moustique qu’il pourrait écraser, et Enora essaie de ne pas succomber à nouveau à la colère. Après tout, elle doit lui donner qu’il a raison d’être en colère, après ce qu’elle lui a dit. Après ce qu’elle lui a gentiment rappelé.

Il approche à nouveau, et la soldate résiste au réflexe de reculer. Le suit simplement des yeux, se plantant dans le sol. « I may be sad, lonely and pathetic, but if it wasn’t for my shithole, you would be dead by now, hung up by the feet with your belly wide open and your fucking guts spilled on the floor. So if you don’t want to stay here, fine. Get the fuck out. And good luck surviving the night. But don’t say I didn’t try to help you, at least. » Elle cille. Les mots qui font l’effet de coup de poignard. Elle sait qu’il a raison. Qu’elle serait probablement morte, ou proche de l’être. Que son aide, autant qu’elle la rebute, lui a probablement sauvé la vie. Une dette qu’elle n’est pas sûre d’être prête à accepter venant de la part du milicien. « I don’t know what makes you think you’re that important, but breaking news sweetie : you’re not. » Elle serre les poings. Serre les dents. Contrôle-toi. Calme-toi. « So stop hiding behind your fucking accusations, and try to face it once and for all : you’re young, and yes, I hate you, so yes, I’m using that against you. Couldn’t care less about you being a girl. » Lui rend son regard, l’espace d’un instant. Trop habituée à se faire jauger par son sexe, elle a tendance à étaler cette tendance à tout le monde - une femme dans l’armée. Elles sont nombreuses, pourtant, mais même le sexisme a survécu à l’apocalypse. Et c’était injuste de lui cracher ça au visage, d’assumer ça à son propos - mais c’était bien plus facile. Et l’humiliation de se faire remettre à sa place est amère - presque trop amère pour être avalée. « I may not be as important as you, but please, at least try to insult me on the things I am. Not make up some just to feel better about yourself. » Et elle ne sait pas trop ce que c’est, si ce sont juste les mots, ou l’accumulation du reste, ou le ton qu’il prends soudainement - mais la main fuse avant qu’elle ne puisse la retenir. La gifle claque contre le visage du milicien, et dépose un silence assourdissant.

Tu l’as frappé. Enora. Tu l’as frappé.

« Fine. You made your point. But don’t think you’re better than me because you’re older. It doesn’t make any difference in this world. You should know that. » La voix fuse, tremblante de rage. Petits poings serrés, encore résonnants de la gifle qu’elle vient de donner. Les yeux de flammes, qui toisent l’adversaire. « You might be in your territory here, but you are wrong about me. I know this place. I’m not as stupid as you think I am. » Serre les dents, relève le menton. Joue la comédie, jusqu’au bout. Ne pas admettre la défaite. « But I don’t have to prove myself to you. » Le léger dédain qui vient peindre ses paroles, dernier recours d’une âme en détresse. Et le doigt qui se relève, qui se dépose presque sur le torse du milicien. Regard de fer. « And I’m warning you. Don’t fucking touch me again. »
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Goodnight James
endure and survive
Goodnight James
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MessageSujet: Re: (beating heart of stone), enight.    (beating heart of stone), enight.  EmptyJeu 11 Oct - 13:50

Il est allé trop loin. Les mots furibonds, en réponse aux accusations. En réponse aux coups injustes qu'elle lui avait portés, et qu'il avait décidé de ne pas laisser passer. L'uniforme qu'elle portait normalement ne l'immunisait en rien contre la hargne d'autrui — et il était temps qu'elle le comprenne. Les misérables mortels qui rampaient dans les rues n'étaient en rien différents d'elle. Humains, tout au plus — et sensibles, à tout le moins. La cruelle manière dont elle lui avait prêté des mots ne pouvait rester impunie, et même s'il savait qu'il avait été trop loin, savait que la violence n'aurait pas dû être employée et que les mots eux-mêmes poussaient le cran au-delà des limites établies, il ne pouvait le regretter. Pas alors que son système se retrouvait finalement purgé, et que la satisfaction de la voir perdre les pédales le consolait. Au moins, sur ce point-là, t'auras gagné.

Il est allé trop loin. Mais ce n'est qu'au moment où la gifle s'écrase sur sa joue qu'il le comprend réellement. La joue brûlante, l'ego rayé par l'insolence du geste. How dare you ? Et pourtant, il ne dit rien. Le cou qui se remet dans l'axe bien rapidement, pour ne pas perdre la face. Le regard, droit et mauvais — la lèvre presque retroussée. How dare you, you fucking bitch ? Mais les mots ne sortent pas. Le venin reste dans sa gorge. La lui brûle, sans pitié. La lui brûle, sans qu'il ne cherche à l'arrêter. Peut-être que c'est mérité. Et c'est la voix d'Enora qui brise finalement le silence de mort laissé par le coup porté. « Fine. You made your point. But don’t think you’re better than me because you’re older. It doesn’t make any difference in this world. You should know that. » La voix qui l'agresse, qui lui donne envie de se redresser de toute sa hauteur et de lui rendre la gifle. De la voir tomber à ses pieds sous l'impact qu'il se sait capable de provoquer — la tempête frappant la brindille. Pourtant, il ne fait rien. Ne répond rien. Laisse les mots heurter le mur de béton que la gifle a soudainement dressé entre eux. Tu ne la frapperas pas. Tu ne t'abaisseras pas à ça. « You might be in your territory here, but you are wrong about me. I know this place. I’m not as stupid as you think I am. » Et elle a les yeux qui continuent de vomir des flammes, relevant le menton et refusant de se laisser abattre. Le monde entier qui lui demande de se prouver — et l'occasion semble être enfin venue. Rabaisser l'ennemi, rabaisser celui qui pouvait tout compromettre. Lui enfoncer la tête sous le sable, pour être capable de remonter à la surface et de respirer. Vas-y, gamine. Vas-y. C'est pas comme si j'avais quoi que ce soit d'autre à y perdre que la vie. « But I don’t have to prove myself to you. » Et sa lèvre se retrousse à nouveau — en un rictus, cette fois. Vraiment ? Le doigt qui se pointe vers lui, et il a un léger mouvement de recul pour l'empêcher de le toucher. Don't do that, kiddo. Don't do that, or I'll fucking kill you this time. « And I’m warning you. Don’t fucking touch me again. » Ça le titille, pourtant. L'envie de l'empoigner par la gorge, et de lui faire regretter tous les mots qu'elle s'acharnait à prononcer. Respire, Goody. Respire.

Le ricanement amer coincé au fond de sa gorge ne sort pas. Pas de rictus plus large non plus — et même pas un sourire sarcastique pour venir animer la suite de la dispute. La haine est trop forte, et le dérapage à portée de main. Si facile à atteindre. Si nécessaire. Mais il se retient. « For someone who doesn't need to prove yourself to me, you're trying awfully hard. » Le mépris à son paroxysme, dans le ton lent et détaché qu'il emploie. La gifle qui a fait retomber la colère, pour ne laisser que les pires sentiments noyer son coeur de leur noirceur. « What is it ? Practice ? Hope it'll pay off when you'll face your misogynistic workmates. » Il voudrait cracher. Lui cracher aux pieds, pour lui prouver son dédain. Mais les murs autour d'eux l'en empêche — la rue ne serait pas là pour ramasser les dégâts, et elle ne mérite pas qu'il souille son propre appartement pour cela. « Next time I touch you... » Redressé de toute sa hauteur, il s'approche d'un pas. Grondant, menaçant. L'envie de la plaquer contre le mur et de l'étriper lui-même. L'envie de la jeter à la rue, et de la regarder se débattre aux mains des prédateurs. Ne faisant pourtant rien. Trop intègre pour ça. « ... I'll fucking kill you. » La menace qu'il ne cherche même pas à atténuer, ou à cacher. Et il sait que c'est vrai. Sait que son attitude le crie, et que les ténèbres soudainement passés dans ses yeux, une fois la gifle lancée, en témoignaient. Le choix de ne pas mettre le sifflement à exécution, pourtant. Le choix de lui passer à côté sans même heurter son épaule de la sienne. D'avaler la distance qui le sépare de la porte d'entrée, et de sortir de l'appartement sans plus tergiverser. Rien à perdre, ici. Rien qu'elle ne puisse espionner, ou voler. Et l'envie de prendre l'air était trop forte pour y résister. Besoin de retomber, avant de lui faire face à nouveau. La nuit serait longue — et il le savait. Mais il n'avait malgré tout nul désir de la dénoncer. Nul désir de causer sa mort, alors qu'il avait risqué sa propre vie pour la protéger. Don't you see, stupid ? You'll be your own death, if you keep going on this road.

You'll be your own death, and everybody will know that you had it coming.

(c) blue walrus
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(beating heart of stone), enight.
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